Black Panther vient de sortir au cinéma et suscite de nombreux commentaires.
Certains en déchirent les affiches comme pour ignorer ce qu’ils veulent ignorer depuis toujours : la présence des Noirs dans le monde, et auprès d’eux, dans leur proche environnement.
Voici de manière assez rapide, ce qui m’a été inspiré par BAST (chez les Noirs, Dieu dans son énergie féminine, manifestée sous la forme d’une panthère). Rappelons que la peau de panthère est le vecteur mystique qui lie le monde des esprits (des ancêtres) au monde physique, ce qui lie l’unité que nous sommes, à la totalité de l’univers. Rappelons une seconde chose :  chez les Noirs, la légalité – la légitimité – du pouvoir est assurée, transmise et protégée par les femmes.
D’abord quelques questions essentielles pour nourrir des échanges futurs. Qui nous représente ? Qui décide de nous représenter ? Comment choisit-on ceux et celles qui nous représentent – sont-ils eux et nous à la fois, ou eux tout seuls ? Pourquoi doit-on nous représenter ? Qui définit quand et comment nous devons être représentés ? Qui contrôle – et finance – le médium qui nous représente ? Sommes-nous esclaves d’une représentation que nous ne créons pas et ne contrôlons pas ? Est-ce que nous sommes ce qui est représenté ?
Quelques esprits chagrins se sont focalisés sur la question financière. Black Panther ne serait pas un film « représentatif » (des Noirs « vrais ») car financé par « des blancs ». N’épiloguons pas sur le sujet, et disons rapidement ceci : ces personnes financent-elles elles-mêmes des projets africains (noirs) authentiques ? Quelles sont leurs perspectives pour une réelle autonomie de notre communauté ? L’établissement d’institutions (banques, écoles, médias, structures de production et de distribution, supermarchés, hôpitaux) qui nous permettront de nous libérer de l’emprise blanche ?
En attendant que nous trouvions collectivement les moyens de réaliser notre autonomie multi-dimensionnelle, je soutiens : Ryan Coogler, Lupita Nyong’o, Danai Gurira, Nate Moore, Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Leticia Wright, Forest Whitaker, Winston Duke, Florence Kasumba, Angela Bassett… mes sœurs et mes frères qui ont su mettre à profit le financement qu’ils ont négocié.
En suivant le « chemin que me dicte mon âme » (B.Love), voici ce que Black Panther me montre – ou me dit.
  • Personne n’est venu annoncer Jésus, Allah, Mahomet, Bouddha ou Raël au WAKANDA. Les Noirs y vénèrent leur Dieu/Déesse ancestral(e) (unique dans ses manifestations : BAST pour ce qui est de la Famille régnante, et pour le peuple entier d’ailleurs) et leurs Ancêtres. Dieu ne s’oppose pas aux Ancêtres qui sont les intercesseurs entre LUI/ELLE et les Hommes/Femmes – comme il se doit, en société africaine non aliénée. T’CHALLA est Prêtre et Roi. Et visiblement, avoir une spiritualité propre ne vous rend ni démoniaque, ni misérable. Le WAKANDA est béni, prospère, paisible et n’est pas particulièrement handicapé par le manque du « vrai » Dieu. Les Noirs, grâce à BAST et aux Ancêtres, connaissent la valeur – et la signification – d’un « isolationnisme » parfaitement contrôlé (ce que certains appellent « communautarisme »)
  • Le WAKANDA n’est pas une fiction. C’est la réminiscence d’un passé glorieux. LA VIBRATION, dont nous ne savons plus lire la fréquence, pour être en phase (avec ELLE). Nous avons accepté la nuit que notre « couleur » suppose. Stan Lee et Jack Kirby n’ont pas créé le WAKANDA ex-nihilo ou « Not out of Africa » : ils se sont inspirés de l’Afrique (et des courants de Fierté Noire des années 60) pour créer le WAKANDA, aire de POUVOIR des Noirs incarné par la PUISSANCE mystique, intellectuelle et physique du Monarque BLACK PANTHER.
  • Au WAKANDA, les êtres-énergies mâle et femelle fonctionnent en parfaite harmonie – et même osmose. Ils/Elles sont réellement et profondément complémentaires, selon nos principes ancestraux : l’ANDROGYNIE DIVINE (chez les Noirs, DIEU est Essentiellement Androgyne) et la MAAT – l’Equilibre. Il n’existe pas chez nous (appelons symboliquement WAKANDA, « chez nous ») de tensions liées au genre, et même de patriarcat qui engendrerait, en réaction, du féminisme. La Femme est l’œuf qui environne l’Homme pour féconder la terre, créer les richesses – protéger – et générer le POUVOIR. Chez nous, une REINE est génitrice du POUVOIR qu’elle passe à son FILS. Une PRINCESSE est le génie scientifique et technologique, ou si vous voulez la Mère des Sciences et de la prospérité. Une société de guerrières SANS EGALES est le symbole de l’UNITE. Les DORA MILAJE sont le POUVOIR DE LA MATRIE PROTEGEANT LE ROI, et par conséquent, les gardiennes de la LIGNEE et du SANG – la continuité du pays – et de son peuple – et son indépendance.
  • Au WAKANDA, les problématiques politiques ne finissent pas en conflits « ethniques », même si le WAKANDA est dit être constitué de « peuplades », de « tribus » ou « d’ethnies » (qui, heureusement, ne reçoivent pas d’aide militaire extérieure).
Pour terminer ce rapide point de vue sur Black Panther, revenons sur cette étrange obsession que développent certains sur le WAKANDA qui serait une « fiction » (ce qui n’existe pas, parce que c’est imaginaire).
Au fond, qui – ou quoi – est réellement une fiction, dans tous les discours qui sont construits autour de Black Panther ? Est-ce nous, Africains (Noirs) déportés hors de notre Afrique non-fictionnelle, transformés en esclaves (en fictions qualifiées de « meubles »), amnésiés de notre histoire par les fictions produites par la mythologie de la suprématie raciale blanche ?
Qui est fictif, et qui ne l’est pas ?
Notre vrai MOI – notre vrai NOUS – n’est-il pas la Panthère Noire, symbole de nos cycles de réincarnations, source de puissance enfouie en nous, pouvoir que les siècles d’asservissement n’ont pu totalement corroder ?
Nos racines ne sont-elles pas faites de VIBRANIUM, allégorie de la VIBRATION qui est l’un des modes de création choisi par Dieu dans notre cosmogonie (récit sur les origines de tous les niveaux du VIVANT) ?
La Panthère est notre parenté mythique et la fiction de ceux – et celles – qui continuent de nous prendre pour de petits chatons domestiques.
Je croise les bras, et je proclame : WAKANDA FOREVER.
C.K

One thought on “MORT ET VIE DANS LA PEAU DE PANTHERE”

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